Rabat – La lutte et la prévention du phénomène criminel passent par une coordination régulière et permanente avec les différents acteurs nationaux et internationaux, ainsi qu’une large ouverture sur la recherche scientifique, tant académique que pratique, à travers des partenariats durables et structurels, a indiqué, vendredi à Rabat, le ministre de la Justice Abdellatif Ouahbi.
Dans une allocution à l’ouverture d’un symposium international organisé par le ministère de la Justice sur “Le rôle de la recherche scientifique en matière de mesure de la criminalité et d’analyse des phénomènes criminels”, M. Ouahbi a mis l’accent sur l’importance d’établir des ponts solides entre les universités et les institutions judiciaires.
Le ministre a également souligné la nécessité d’ouvrir un débat approfondi sur les moyens de développer les méthodes de la recherche scientifique dans le domaine de l’étude et de l’analyse des phénomènes criminels, en combinant les expériences académiques de qualité et les meilleures pratiques institutionnelles.
La lutte contre le phénomène criminel et l’identification de ses auteurs, en vue de rendre des jugements justes qui assurent la dissuasion, la réparation des préjudices et la réhabilitation des déviants, nécessite une approche globale fondée sur une compréhension approfondie du phénomène criminel et de ses causes, ainsi que la mise au point de solutions efficaces qui ne se limitent pas à des textes juridiques privatifs de liberté, a-t-il suggéré, expliquant que la prison ne peut résoudre toutes les problématiques liées à ce phénomène.
Organisé en partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation avec la participation d’experts marocains et internationaux, ce symposium s’inscrit dans le cadre des efforts déployés par le ministère pour activer l’Observatoire national de la criminalité, a indiqué M. Ouahbi.
Il s’agit également d’une occasion précieuse pour échanger les expériences et développer des mécanismes de coopération entre les différents acteurs dans le domaine de la politique et de la justice pénales et celui de la recherche scientifique afin d’améliorer l’efficacité des politiques publiques en matière de lutte et de prévention de la criminalité.
Le responsable gouvernemental a, par ailleurs, estimé que les plus grands défis auxquels son département est confronté résident dans le développement de l’informatique et de la numérisation et la qualification des compétences dans ce domaine à travers la formation continue, en tant que fer de lance du processus de réforme du système judiciaire.
Pour sa part, le ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, Azzedine El Midaoui, a souligné l’importance pour l’université de ce type de partenariats nationaux et internationaux multidimensionnels et pluridisciplinaires, incluant les sciences humaines, le droit, les sciences exactes et l’informatique.
Ces partenariats devraient permettre de renforcer les rôles de l’université au sein de la société et de mieux observer et prévoir les transformations sociales à travers la recherche scientifique, notamment avec le progrès technologique et l’évolution des outils et des formes de criminalité, a-t-il relevé.
A cet égard, M. El Midaoui a affirmé que la coopération entre les universités, les instances judiciaires, les décideurs et la société civile est une condition essentielle pour garantir la convergence des objectifs et la mise en œuvre coordonnée des résultats de la recherche scientifique, tout en encourageant l’investissement dans ce domaine afin d’apporter des réponses scientifiques sur l’origine, la structure et l’issue des actes criminels.
Pour sa part, l’ambassadrice de l’UE au Maroc, Patricia Llombart Cussac, a mis en avant l’importance de ce symposium qui réunit des compétences académiques et judiciaires de premier plan, notant qu’il constitue une occasion pour réaffirmer le soutien de l’UE aux efforts du Royaume dans le domaine de la réforme de la justice.
Cette rencontre, a-t-elle ajouté, permettra de renforcer la dynamique de coopération entre le Maroc et l’Europe et d’échanger les expériences et expertises dans le domaine de la prévention et de la lutte contre le phénomène criminel.
De son côté, la cheffe du Bureau du Conseil de l’Europe à Rabat, Carmen Morte-Gomez, a insisté sur l’impératif de considérer la recherche scientifique comme une priorité, notamment en matière de statistique judiciaire et de droit comparé, afin de proposer des solutions innovantes permettant d’adapter la politique pénale existante aux tendances, schémas et autres caractéristiques de la criminalité.
“Le Conseil de de l’Europe soutient pleinement l’Observatoire national de la criminalité, qui souhaite établir un environnement favorisant le partenariat avec les universités et centres de recherche afin de cerner la problématique du phénomène criminel”, a-t-elle relevé, considérant que l’organisation de ce symposium offre une opportunité unique pour présenter l’expertise européenne, en particulier en matière de méthodologie et d’outils d’analyse du phénomène.
La séance d’ouverture de cette rencontre a été marquée par la signature de conventions de partenariat entre l’Observatoire national de la criminalité et plusieurs universités marocaines et le lancement d’un réseau d’experts spécialisés dans l’analyse des phénomènes criminels.
Ce réseau réunit des compétences académiques et des acteurs de terrain en vue de développer des approches innovantes dans le domaine de suivi et d’analyse des tendances criminelles au niveaux national et régional, dans le but de renforcer les mécanismes d’analyse et de planification criminelle.
Le programme de ce symposium de deux jours comprend l’examen de plusieurs questions, dont “L’approche statistique de mesure et d’analyse des tendances criminelles”, “Comprendre la criminalité : approches qualitatives d’analyse des phénomènes criminels” et “Les facteurs criminogènes et analyse de la criminalité”.
Les participants se penchent aussi sur “Les bonnes pratiques internationales pour le développement et mise en place de laboratoires et forums scientifiques sur les phénomènes criminels” et “Les meilleurs pratiques nationales pour le développement de laboratoires et forums scientifiques sur les phénomènes criminels”.
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